Image générée par IA Sora, prophétesse Véléda


Dans les temps troublés de l’Antiquité, alors que l’Empire romain étendait son influence sur l’Europe, certaines figures féminines incarnaient à la fois la puissance spirituelle et la résistance politique. Véléda , prophétesse des Germains au Ier siècle, est l’une de ces figures emblématiques. À travers elle, le polythéisme européen se révèle indissociable d’un profond lien entre la foi, la nature, et la liberté des peuples. Dans cet article, nous explorons son rôle dans la résistance face à la conquête romaine et la préservation des cultures européennes


Véléda , prophétesse des peuples germaniques

Véléda incarnait le pouvoir sacré des prêtresses germaniques. Selon Tacite, historien romain du Ier siècle, elle appartenait à la nation des Bructères et jouissait d’une autorité considérable fondée sur une croyance ancestrale des Germains. Elle prédit la victoire de Civilis et des Bataves révoltés contre les Romains (69 après J.-C.) :

« Cette fille, de la nation des Bructères, jouissait au loin d’une grande autorité, fondée sur une ancienne opinion des Germains, qui attribue le don de prophétie à la plupart des femmes, et, par un progrès naturel à la superstition, arrive à les croire déesses. Véléda vit alors croître son influence, pour avoir prédit les succès des Germains et la ruine des légions. » (Tacite, Histoires, IV, 61)


Dans la tradition polythéiste germanique, les prophétesses (ou Völvas) étaient reconnues comme des intermédiaires essentiels entre les dieux et les hommes. Elles guidaient leurs peuples non seulement par leur sagesse, mais aussi par leurs visions prophétiques. La parole de Véléda était ainsi considérée comme sacrée et puissante, elle était sollicitée entre autre dans les arbitrages de conflits entre tribus germaniques.

« Nous aurons pour arbitres Civilis et Véléda , devant lesquels nos conventions seront ratifiées. Les Tenctères ainsi adoucis, des députés furent envoyés avec des présents à Civilis et à Véléda , et terminèrent tout selon le désir des Agrippiniens. Toutefois il ne leur fut pas donné de parler à Véléda , ni d’être admis devant elle. Elle se dérobait aux regards, afin d’inspirer plus de respect. Une tour élevée lui servait de retraite: un de ses parents, choisi à ce dessein, portait, comme un messager de l’oracle, les consultations et les réponses. «  (Tacite, Histoires, IV, 65)


Cette mise à l’écart physique, montre combien sa personne était considérée comme sacrée et en lien direct avec le divin. La distance renforçait son aura mystique et l’autorité de ses prophéties.

La fin de la rébellion

Image générée par IA Sora, tribus germaniques vaincues par les romains

La rébellion germanique fut finalement matée par une démonstration de force impressionnante : neuf légions romaines, sous le commandement de Caius Licinius Mucianus, mirent un terme aux soulèvements. Le général Petilius Cerialis captura le chef rebelle Civilis, mais il fit preuve de clémence envers les insurgés. Quant à Véléda , elle ne fut pas inquiétée immédiatement par les Romains.

Cependant, ils voyaient tout de même en elle, de part son influence, une menace sérieuse et elle fut selon certains témoignages capturée un peu plus tard, vers 77 ou 78 ap. J.-C., par le général romain Caius Rutilius Gallicus. Elle fut alors amenée à Rome, où elle vécut vraisemblablement plusieurs années. Cette période romaine de sa vie est attestée indirectement par un bref extrait du poète Stace, ainsi que par une épigramme grecque retrouvée à Ardea, au sud de Rome, qui se moque de ses prétendus pouvoirs magiques.

Ces éléments illustrent la complexité du destin de Véléda : à la fois figure de résistance spirituelle et politique, elle finit par vivre sous la domination romaine. Elle perd sa liberté et en influence, mais elle reste un symbole important, même si raillée par ses détracteurs.

Véléda et la renaissance du paganisme/polythéisme européen

Véléda incarne une figure féminine influente et puissante du monde religieux et spirituel germanique de son époque, où le sacré et le politique s’entrelacent étroitement. Son rôle dans la résistance face à l’Empire romain illustre à quel point foi et lutte pour la liberté pouvaient se conjuguer. Aujourd’hui, son héritage inspire le polythéisme reconstructionniste (aussi appelé paganisme ou néo-paganisme) comme un exemple vivant de force, de connexion au divin et de courage. Honorer la mémoire de Véléda et transmettre son histoire, c’est perpétuer la richesse, la diversité et la vitalité des traditions spirituelles européennes, qui continuent d’inspirer nos pratiques contemporaines.

Sources :

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