Né vers 17 avant JC
Décédé en 21 après JC
Fils de Segimerus, chef de la tribu des Chérusques
Noms : Caius Julius Arminius ou Herman le Chérusque (Hermann der Cherusker)
Il est connu pour avoir anéanti trois légions romaines au cours de la bataille de Teutobourg, une des plus cuisantes défaites infligées aux Romains.
Contexte historique
L’empire romain connait une expansion sans précédent sous le règne de l »empereur Auguste. Afin de renforcer les frontières de la Gaule, Auguste initie plusieurs campagnes à l’est du Rhin pour dominer les tribus germaniques. Celles-ci ne constituent pas un peuple unifié.
Mais un ensemble de dizaines de tribus indépendantes, elles-mêmes divisées en centaines de familles. Certaines tribus résistent aux romains, tandis que d’autres s’allient avec Rome. C’est le cas des Chérusques, dont le territoire se trouve sur les deux rives de la Weser. En l’an 4, ils signent un traité de non agression et d’amitié avec les Romains,Ils sont représentés par leur roi Segimer. Ses fils, Arminius et Flavus, sont enrôlés dans l’armée romaine en tant que chefs germaniques dans les troupes auxiliaires. Il est en effet de coutume à cette époque chez les romains de prendre des fils de chefs de tribus alliées comme otages. Ainsi, ils s’assurent de la fidélité du chef de la tribu et, en élevant ces enfants comme des Romains, qu’ils servent plus tard les intérêts de l’empire auprès des leurs.
La vie romaine d’Arminius
Arminius est confié à l’âge de 10 ans aux romains. Il suit avec son frère Flavius les cours d’une école qu’Auguste avait spécialement fait construire sur le Palatin pour les enfants d’otages germains. Puis, il suit l’enseignement militaire romain. Vers l’an 4 après J.-C, il dirige un détachement auxiliaire de cavalerie composé de mercenaires chérusques, probablement à l’occasion des guerres de Pannonie dans la péninsule balkanique. Il obtient peu après la citoyenneté romaine d’ordre équestre, la plus haute distinction qu’un Germain puisse obtenir.En 7/8 ap. J.-C., il est de retour en Germanie du nord, où l’Empire romain a établi son autorité sur les territoires à l’ouest du Rhin. Auguste cherche désormais à l’étendre jusqu’à l’Elbe. C’est le gouverneur militaire Publius Quinctilius Varus, qui est chargé de cette mission. Parent d’Auguste, c’est un homme expérimenté. L’empereur décide également d’y envoyer Arminius, choix approuvé par Varus. Ce dernier installe son camps probablement dans un coude de la Weser. Le but de sa présence est d’imposer la loi romaine dans la région. La collecte de l’impôt auprès de villages pauvres et l’application du droit romain aux dépens du droit coutumier germain conduit les populations locales à haïr les romains.
Le retour d’Arminius en Germanie
À la fin de l’été de l’an 9 ap. J.-C., les légions se préparent à regagner leurs quartiers d’hiver sur le Rhin. Arminius, alors âgé de vingt-cinq ans, commence ses intrigues pour unir les différentes tribus germaniques tout en continuant de commander pour les Romains les troupes auxiliaires. Les motivations du retournement d’Arminius ne sont pas clairement connues, et font l’objet de discussions. Il n’existe aucune source sur ce point.
La bataille de Teutobourg
À l’automne, à la bataille de Teutobourg, Arminius et les tribus germaniques alliées (Chérusques, Marses, Chattes et Bructères), tendent une embuscade à l’armée romaine qui comprend trois légions ainsi que trois détachements de cavalerie et six cohortes d’auxiliaires, au total environ 25 000 à 30 000 hommes. C’est une défaite cuisante et un désastre pour les romains. La bataille dure trois jours. Comprenant qu’il est vaincu, Varus se suicide en se jetant sur son épée. Ce désastre affecte profondément l’empereur Auguste, à tel point que ce dernier met un terme à toute tentative d’expansion au-delà du Rhin. Après cette éclatante victoire, Arminius tenta pendant plusieurs années d’obtenir que les tribus germaniques s’unissent de façon permanente, afin de mieux résister à de nouvelles campagnes de conquête romaines. Mais les rivalités tribales restèrent les plus fortes. En l’an 13 de notre ère, Germanicus franchit le Rhin à la tête d’une armée de 80 000 hommes. Il multiplie les raids de représailles sur les tribus avoisinantes. Arminius résiste avec succès dans une série d’escarmouches et de batailles, et manque de peu d’anéantir les troupes romaines.
La trahison de Ségeste
En l’an 15 et 16, Germanicus fait de nouveaux raids contre les Germains. Il bat Arminius en 16 dans la plaine de Hastenbeck lors de la bataille d’Idistavisus, puis sur le territoire des Angrivarii. Il réussit à capturer sa femme Thusnelda. Celle-ci est livrée aux romains par son propre père, Ségeste, qui veut se venger d’Arminius. Thusnelda est emmenée à Rome pour y être exhibée à l’occasion du triomphe de Germanicus en l’an 17 ; elle disparaît alors des sources. Thumelicus, le fils d’Arminius qu’elle met au monde pendant sa captivité, est élevé par les Romains à Ravenne et, gladiateur, meurt dans l’arène avant d’avoir trente ans.
L’opposition entre Arminius et Marbod, roi des Marcomans
En dépit de ces deux dernières victoires, les pertes sont lourdes pour les Romains. Ces derniers se retirent définitivement à l’Ouest du Rhin. Bien que la menace romaine ne pèse plus sur les germains, une guerre éclate entre Arminius et Marobod, roi des Marcomans. En effet, Arminius régnait désormais sur une grande partie de la Germanie, son seul rival étant Marbod, roi des Marcomans. Selon Tacite, « le titre de roi rendait Maroboduus détesté de ses compatriotes, alors qu’Arminius était considéré avec faveur comme le champion de la liberté » (Tacite, Annales, II. 88).
Marobod s’enfut à Ravenne pour chercher la protection romaine. Arminius échoue à briser la « forteresse naturelle » de la Bohême, et la guerre se termine en impasse. Arminius meurt en 21 ap. J.-C., assassiné par des opposants de sa propre tribu, qui craignaient sa montée en puissance .
Tacite laissa dans ses écrits un bel hommage à Arminius :
« Cet homme fut sans contredit le libérateur de la Germanie ; et ce n’était pas, comme tant de rois et de capitaines, à Rome naissante qu’il faisait la guerre, mais à l’empire dans sa grandeur et sa force. Battu quelquefois, jamais il ne fut dompté. Sa vie dura trente-sept ans, sa puissance douze. Chanté encore aujourd’hui par les barbares, il est ignoré des Grecs, qui n’admirent d’autres héros que les leurs, et trop peu célèbre chez les Romains, qui, enthousiastes du passé, dédaignent tout ce qui est moderne. (Tacite, Annales, II. 88) »
Arminius est aussi le héros de la série Barbarians sur Netflix.
Bibliographie
- Yann Le Bohec, La « bataille » du Teutoburg, 9 après J.-C., Les Éditions Maison, Illustoria, 2008
- Martin M. Winckler, Arminius the liberator and ideology, Oxford, 2016, 356 p., p. 116-117
- Tacite, la Germanie, I
Laisser un commentaire