Le confort, tout comme le bonheur, est une aspiration que l’on pourrait considérer comme universelle et inoffensive. Dans nos sociétés modernes centrées sur la consommation, cette valeur est devenue essentielle, car une vie réussie est souvent associée à un certain confort matériel (maison, travail, voiture…). Nous le recherchons dans nos possessions, habitudes et manières de penser. Cependant, cette quête façonne nos choix de vie, parfois à notre insu. Bien que bénigne en apparence, elle engendre des conséquences profondes sur nos comportements individuels et collectifs, nous rendant aveugles face aux crises globales et prompts à rejeter l’altérité (pluralité d’idées, de cultures, de différences). Le besoin d’un confort permanent s’oppose aux valeurs communautaires, solidaires et respectueuses de l’environnement des traditions anciennes païennes (germanique, celtique, illyrienne, égyptienne). Il heurte également les principes humanistes des Lumières et divers textes fondamentaux récents, qui soulignent l’importance de la dignité humaine, de la justice sociale et de l’empathie.
Avertissement : Article en plusieurs parties
Cet article étant assez long, il sera divisé en plusieurs billets contenant chacun une ou plusieurs parties afin d'en rendre la lecture plus agréable.
Sommaire de l’article
- Confort et environnement (page actuelle)
- Confort et individualisme
- Leçons de sagesse des traditions antiques européennes et méditerranéennes
- La quête du confort : une nouvelle forme d’asservissement
- Le sur-confort des ultra-riches : des exemples à ne pas suivre
- Redéfinir nos priorités à long terme et la solidarité et conclusion
Partie n°1 : Confort et environnement
Une illusion de ressources infinies
Le confort moderne repose sur l’illusion d’un accès illimité aux ressources. Pourtant, selon l’Agence Internationale de l’Énergie, les réserves d’énergies fossiles, essentielles à notre modèle économique, pourraient atteindre un pic critique dans quelques décennies. L’exploitation intensive de ces ressources cause déjà des dégâts irréversibles : réchauffement climatique, acidification des océans et destruction de la biodiversité. Malgré cela, nous continuons à vivre comme si le progrès technologique allait, à terme, résoudre tous ces problèmes sans que nous changions nos confortables habitudes.
Le déni et les crises écologiques
Cette croyance en une « solution miracle » technologique est une forme de déni. Elle permet à beaucoup de détourner le regard des crises écologiques pour ne pas affronter une réalité inconfortable et anxiogène. Attendre d’être frappés par des drames humains ou des événements climatiques extrêmes pour agir est dangereux. Aujourd’hui, ces crises touchent déjà des millions de personnes. Faut-il vraiment attendre de perdre ce qui nous est cher, un ami, un parent, notre foyer pour accepter cette réalité ?
Contradictions dans notre rapport au confort
Il existe une contradiction fondamentale dans notre rapport au confort : nous aspirons à des produits « durables » tout en soutenant un système d’obsolescence programmée. Par exemple, un français remplace son téléphone portable tous les deux ou trois ans en moyenne (données ADEME, guide Longue vie à notre smartphone, septembre 2023), alors que des technologies plus résistantes pourraient être conçues. De plus, lorsqu’un appareil électronique ou électroménager tombe en panne, la solution la plus immédiate et tentante consiste souvent à commander un modèle neuf en quelques clics sur Amazon, plutôt que d’envisager une réparation. Ce choix rapide illustre notre tendance à privilégier le confort et la facilité, souvent sans prendre en compte les répercussions à long terme de nos actions. Cette préférence pour l’achat de nouveaux produits contribue à une augmentation significative des déchets électroniques et ménagers, exacerbant ainsi la crise environnementale. Prenons aussi l’exemple des baskets, fabriqués en Asie dans des conditions de travail déplorables. Bien que les consommateurs puissent se considérer comme sensibles à la justice sociale et au bien-être des autres, leurs choix de consommation montrent souvent une déconnexion entre leurs valeurs proclamées et leurs actions. L’exploitation de la main-d’œuvre dans des usines où les droits des travailleurs sont bafoués va à l’encontre des principes de dignité humaine et de respect des droits fondamentaux, soulignant ainsi une dissonance entre le discours et la pratique.
Sociétés anciennes et artisanat local
Les sociétés antiques avaient recours à un artisanat locale et à la création d’objets durables, souvent fabriqués à partir de matières premières locales (mais pas que…). Ces cultures accordaient de l’importance à la qualité de leurs objets et à leur durabilité, non seulement pour le respect de l’environnement, mais aussi pour le soutien de l’économie locale, la préservation de savoir-faire traditionnels et la fierté du travail accompli. Les artisans prenaient le temps de créer des pièces uniques et fonctionnelles, renforçant ainsi le lien entre l’homme et son environnement. Cette approche contraste fortement avec notre consommation moderne de masse, où des produits jetables sont souvent privilégiés au détriment de la qualité et de la durabilité.
Un confort qui compromet l’avenir
Ainsi, le confort, dans sa forme actuelle, devient un piège. En cherchant à préserver nos acquis matériels, nous compromettons notre environnement et les conditions de vie des générations futures. Pour construire un avenir viable, il est crucial de limiter notre appétit pour le superflu et de réinvestir dans des modes de vie respectueux des limites planétaires.
Valeurs humanistes et confort
Cette quête de confort matériel, souvent perçue comme un objectif légitime, heurte également les principes humanistes des Lumières. Des textes fondamentaux récents, tels que la Charte de l’environnement (France), les Objectifs de Développement Durable (Nations Unies), et la Convention Européenne des Droits de l’Homme, soulignent l’importance de la dignité humaine, de la justice sociale et de l’empathie. En favorisant une vision individualiste qui privilégie l’accumulation de biens, nous risquons d’oublier des valeurs essentielles, qui soutiennent une société équilibrée et juste.
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